Albi : débat d’orientation budgétaire

Lors d’une lettre ouverte, un certains nombre de maires ont exprimé un appel à l’aide. La ville d’Albi faisait partie du lot. Je ne peux que saluer cette volonté de voir la solidarité nationale se porter au secours des villes moyennes durement touchées et plus particulièrement cet appel pour prendre en compte les plus fragiles. Dans cette « lettre ouverte au Président de la République pour l’égalité républicaine de nos quartiers populaires », maires, présidents d’agglomérations et associations expriment le sentiment de « non-assistance à territoires en danger ».

Nous comprenons cette initiative et je le redis, nous la saluons. Mais, il nous semble aussi que la ville, de part son fonctionnement budgétaire, s’est mise toute seule en danger, et ce depuis un moment ; Le budget est le meilleur indicateur d’une politique. Il reflète les choix et les priorités dans la gestion des deniers publics. Par-delà l’aridité des chiffres et des ratios, il raconte une histoire : celle de la Ville et de ses habitants. L’équipe municipale est aujourd’hui prise au piège de sa propre gestion. L’insuffisante maîtrise des dépenses de fonctionnement ne lui permet plus de dégager un autofinancement suffisant pour investir sans dégrader l’endettement qui se maintien. Elle n’a plus assez de latitude entre ses recettes et ses dépenses pour faire face à la crise.

Une fois de plus le budget est construit sur des prévisions de croissance optimistes. On lit page 4 que l’équipe municipale retient 8 % de croissance alors que le gouvernement et les divers organismes de prévisions tablent au mieux sur 6 %. Or cette prévision impacte à la hausse les recettes qui se seront pas au rendez-vous.

La lecture du document et la comparaison avec les années précédentes permet de repérer un certain nombre d’écarts et de constantes. Tout d’abord, la dotation de l’état reste stable. L’équipe en place ne peut donc pas accuser l’état pour sa situation.

Analyse des recettes et des dépenses

On est ensuite frappé par le nombre de copier-coller de montants, comme si le travail de prospective ou de dialogue avec les services fiscaux de l’Etat n’était que partiellement opéré. Par ailleurs, il est à noter que la commune a été au bout de la logique d’augmentation de la taxe d’habitation. Les contribuables apprécieront. Maintenant que la taxe d’habitation est gelée pour être remplacée, les recettes stagnent à 32 millions perçus.  Là aussi nous avions alerté de la situation. Des recettes qui allaient stagner avec des dépenses en hausse.

                

L’analyse des produits de services (compte 70) montre un manque à gagner de 500 000€. La ville n’a touché que 5,9 millions au lieu des 6,4 millions prévus. Nous avions demandé en vain une adaptation du budget municipal au mois de juin. Force et de constater que cette dérive existe et nous craignons de ne découvrir l’étendu de la réalité que lors du compte administratif en juin 2021.

Tableau du DOB de 2020 (page 16)

Tableau du DOB de 2021 (page 19)

Les dépenses de personnel continuent leur progression importante. Rappelons que les recettes sont condamnées à stagner dans les années à venir.

Nous constatons aussi une forte augmentation des charges à caractère général de 5,8 %. Nous le redisons cette situation est inquiétante.

Nous constatons aussi que 322 000 € de subventions n’ont pas été versées. En effet le DOB de 2020 prévoyait un montant de près de 9 millions et le DOB de 2021 ne fait apparaître qu’un peu plus de 8,6 millions. Il serait intéressant que la commune explique qui sont les grands perdants de cette situation.

Investissement, épargne et endettement

Lorsque nous regardons les recettes d’investissement, il manque presque 2,3 millions. En effet le DOB de 2020 prévoyait 6,6 millions et le DOB de 2021 ne fait apparaître que 4,3 millions. L’écart sur les subventions (plus de 1,1 millions laisse des doutes sur la sincérité des prévisions.

DOB 2020

DOB 2021

Pour les recettes d’investissement il existe un écart de plus de 1 millions ce qui est assez significatif

Depuis 2015, les dépenses d’investissement par habitant ont été systématiquement inférieures à Albi à ce qu’elles sont dans les villes de taille comparable, à l’exception notable de 2018.Ainsi, la Ville souffre depuis des années d’un sous-investissement chronique dans des infrastructures et des équipements urbains essentiels (voirie, numérique, énergie, etc.). La réduction drastique de l’investissement en 2021 (12 millions contre 18 millions l’année d’avant) n’est pas de bon augure pour l’avenir de la ville. Le document parle des investissements en cours comme la cuisine centrale ou fin de l’aménagement de la base de Pratgraussals mais on peine à voir qu’elle est la stratégie pour préparer l’avenir.

 

Le dernier point qui nous paraît inquiétant concerne la dette et surtout la capacité d’investissement de la ville.

La dette repart à la hausse sans que l’on puisse voir une politique d’investissement cohérente. Nous venons de le dire, l’investissement déjà bas, chute de près de 6 millions. C’est un tiers de moins sur un investissement déjà très bas.

La comparaison du DOB 2020 et 2021 permet de constater un écart important de l’encours brut de la dette. Il aurait probablement été judicieux d’expliquer ces choix et ces annulations de crédit car il y a 5 millions d’écarts sur l’encours brut. Il eu été judicieux d’expliquer la différence significative sur l’encours récupérable et sur l’encours net.

 

Le Dernier point de préoccupation majeur concerne la chaîne d’épargne. Il est communément admis que l’épargne Nette doit représenter autour du 20 % du budget. Albi devrait être autour de 10 à 12 millions pour pouvoir préparer l’avenir. La ville se trouvera l’an prochain avec une épargne nette d’à peine 1 millions. C’est 10 fois moins que ce qui est requis pour une ville comme Albi. C’est une situation qui était prévisible et dénoncée depuis 3 ans. En effet l’épargne dépend des exercices précédents. C’est aussi probablement la raison pour laquelle la ville coupe brutalement son investissement et ne parvient pas à se désendetter.

Au moment où il faudrait avoir des marges de manœuvre pour pouvoir gérer la crise actuelle nous découvrons que le manque de préparation de l’avenir et la gestion hasardeuse du mandat précédent conduit à une situation où la ville se trouve fort dépourvue.  D’une part, ses recettes et ses dépenses sont très contraintes et la ville n’a pas de marge de manœuvre pour aider les albigeois le plus dans le besoin. D’autre part, son endettement et son épargne ne lui permet pas d’investir.

C’est fort dommage.