Bassin nordique. Albi

On ne peut pas dire que le débat soit particulièrement serein. Effectivement cela à l’air de faire des remous dans l’albigeois. Un article pas mal partagé est celui de France 3. En le lisant je me suis dis que je n’apprenais pas suffisamment de choses. C’est pourtant un des mieux fait. Il nous donne des éléments importants du débats mais il en manque. Voici les éléments importants :

  • Le coût 19 millions pour deux bassins sur Albi et Saint-Juéry
  • La surface de natation supplémentaire. deux Bassins de 50 m par 21 mètres.
  • Des indications de chauffage (5 millions de Kilowatt/an qui correspondent à la consommation de 2500 personnes) que j’ai souhaité vérifier.

On a donc à priori 8 lignes de nages possibles puisque chaque ligne de nage doit mesurer 2,50 m de largeur. [1]

Le premier élément à vérifier est le coût. Parce que 19 millions ce n’est pas une paille. Cela fait donc 10 millions par bassin. A priori en vérifiant sur d’autres communes et d’autres projets on a des prix qui vont de 7 à 10 millions. On est donc sur la fourchette haute et il faudrait savoir pourquoi. D’autant plus que les sites spécialisés parlent de 4000 € le m². Cela fait 4 millions. Ici

Le deuxième élément à vérifier est le débat sur les économies de construction par rapport à une piscine couverte. le site le plus clair est celui-ci : https://www.ethis-ingenierie.fr/construire-un-bassin-nordique-une-ideologie/

Que retenir :

Plusieurs études de faisabilités réalisées par le cabinet indiquent que la construction est plus rapide, l’investissement réduit et le bilan carbone est inférieur à un bassin couvert. Or il manque des m² de piscine à Albi par rapport à sa taille.

LES POINTS POSITIFS (moins négatifs) POUR L’ENVIRONNEMENT

Réduction importante des matériaux de construction (charpente, béton, acier, verre, isolants),

Absence de traitement d’air – réduction des besoins électriques en exploitation de 40 %

Réduction notable des émissions de GES liées à la construction (matériaux, techniques, chantier)

Pas de problème de qualité d’air

LES POINTS NÉGATIFS

Ce type de bassin ne peut pas accueillir de compétition nationale. La fédération stipule que sauf période estivale, les compétitions doivent se tenir en intérieur. (voir ici)

Il y a une augmentation des déperditions du bassin et de l’évaporation = besoin thermique supplémentaire de 15 % (2800 kw contre 2400 kw) donc augmentation des émissions de GES en exploitation.              

L’article précise qu’un chauffage à bois et un système photovoltaïque sont prévus et doivent alléger la consommation électrique. Compte tenu de l’évolution du prix du bois et des consommables il n’est pas sûr que cela permette la stabilité des prix.

Pour le système photovoltaïque, aucun éléwment de dimensionnement ne permet d’affirmer que l’objectif des 80 %, nécessairement en autoconsommation, puisse être atteint.

L’article parle aussi de « 5 millions de kwh par an ». En faisant le calcul, je trouve 3 millions de kilowattheure par an pour une seule piscine. Donc plutôt 6 millions de kwh au total. Par ailleurs l’article suppose que la consommation par habitant est de 2000 de kwh par an. Or la moyenne nationale est plutôt de 2200 Kwh et les Tarnais sont au dessus de la moyenne nationale 3000 Kwh. (Les éléments de calcul grâce au principal site et ici). Mais dans les grandes largeurs les données sont correctes. Cela réprésente plutôt la consommation de 2000 personnes.

Avec un tarif actuel qui s’alourdit cela représente une facture qui peut exploser et aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros avec les chiffres disponibles et les évolutions de tarif projetées.  

L’élément oublié du débat.  

Le coût énergétique d’un équipement de ce type ne représente aujourd’hui (même si les tarifs vont s’envoler) que 15 % du coût de fonctionnement. En effet, le gros de la dépense c’est le personnel.

https://www.collectivites-locales.gouv.fr/files/Institution/1.%20organisation%20administraive/Organismes-consultatifs/OFGL/vf_ofgl_cap_sur_14_cout_fonctionnement_piscines_bloc_co.pdf

Donc un bassin de 1000 m² représente un coût de fonctionnement supplémentaire qui dépasse les 1,1 millions. Au prix de l’entrée, il faut donc 250 000 entrées de plus par an pour amortir ce surcoût c’est à dire 700 entrées supplémentaires de plus par jour. Sinon cela sera des dépenses supplémentaires pour les contribuables de l’albigeois. Actuellement la structure existante accueille un peu moins de 300 000 visiteurs par an avec 1500 m² de bassins dont 500 m² ouverts uniquement l’été. L’objectif est donc très ambitieux en terme de fréquentation.
De plus il faut ajouter environ 800 000 € pour l’amortissement de la structure chaque année.

Vous avez les éléments du débat. Je vous laisse juge de l’opportunité ou pas de faire ce type de bassin avec dans le coin de la tête les éléments suivants :

– Si vous pensez que la crise énergétique est conjoncturelle il vaut mieux se focaliser sur les coûts de fonctionnement et les entrées supplémentaires attendues.

– Si vous pensez que la crise énergétique est structurelle et va s’agraver, il vaut mieux renoncer à ce type de projet et voir ce que l’on pourrait financer pour 19 millions sur Albi.

19 millions c’est grosso modo le prix d’un pont supplémentaire qui manque cruellement sur Albi.
On vous avait donné quelques chiffrages ici.


[1] https://www.guide-piscine.fr/pratiquer-la-natation/savoir-vivre-a-la-piscine/les-lignes-de-nage-en-piscine-municipale-3111_A