Chambre régionale des comptes : Quand le sage montre la lune l’idiot regarde le doigt

On a droit à un article entier de la Dépêche sur les Cordeliers et je vois tout un tas de gens se précipiter sur l’article et le relayer sans discernement. Voire avec gourmandise et avec quelques intentions méphitiques. Pourtant celui-ci est assez binaire et orienté. En substance, il dit : tout serait de la faute de Bonnecarrère. Et bien je ne crois pas. Je suis très exigeant en matière de gestion des deniers publics et je n’ai jamais critiqué la gestion de monsieur Bonnecarrère car il n’y avait rien ou pas grand chose à critiquer. On pouvait critiquer les choix politiques mais pas la gestion. Sinon je l’aurai « snippé »  comme les autres. Il n’est pas de ma famille politique.  Nous nous sommes régulièrement affronté.  Je n’ai aucune raison de le défendre si ce n’est mon goût pour la « vérité » et le respect pour la personne qui est nécessaire en politique.

 D’ailleurs monsieur Bonnecarrère a raison de répondre : « L’ensemble de ma gestion n’a connu ni contentieux, ni critique ». C’est le cas. 

Et c’est précisément ce goût de la vérité qui me fait dire que la suite de l’article est partisane. 

 Je ne dis pas que le dossier « Cordelier » soit parfait ou qu’il ne soit pas entaché d’irrégularités. C’est effectivement le cas. Mais je dis surtout que l’article de la Dépêche passe à côté de l’essentiel. On peut même dire qu’il est orienté et la manière dont il est organisé laisse quelques doutes sur l’impartialité de la personne qui le rédige. Il est vraiment écrit pour charger la mandature de Bonnecarrère et épargner celle de Guiraud-Chaumeil qui au contraire pose problème selon moi avec l’évolution récente des dépenses. C’est d’ailleurs la conclusion de la Chambre Régionale des comptes que j’ai déjà partagée. La dégradation rapide de la capacité d’autofinancement et la commune est sérieuse. Si je n’avais pas réagi avant concernant la maire actuelle c’est qu’il n’y avait pas de raisons de le faire. Maintenant c’est le cas. Surtout que les dossiers s’accumulent. Autonomie alimentaire, politique touristique et problème du centre ville pour n’en citer que quelques uns que j’ai déjà traité sur ce blog.

 On résume l’article et mes critiques.

 «Le rapport d’observation de la Cour régionale des comptes sur la gestion de la ville d’Albi (de 2010 à 2017) vient de tomber, après avoir été évoqué en conseil municipal comme le veut la loi. L’institution est pointilleuse sur le moindre euro investi ou économisé. Si elle s’intéresse à l’endettement, aux recettes, aux dépenses, aux frais de fonctionnement, elle a fait un focus important sur le financement du quartier des Cordeliers comprenant Le Grand Théâtre, le parking souterrain et le cinéma. » La dépêche 27  novembre 2019

 En réalité le dossier Cordelier occupe 9 pages sur les 73 que compte le rapport avec les annexes. Evoquer uniquement ce dossier est un point de vue qui se discute car il y a bien d’autres problèmes. Le critique de la politique touristique occupe 6 pages tout comme la problématique du commerce de centre-ville qui occupe aussi 6 pages. On s’étonne donc que ces problèmes ne soient pas évoqués par l’article.

 Ensuite outre le fait que les subventions déclarées n’ont pas été obtenues, le rapport mentionne que l’enveloppe du projet a été respectée : « L’écart entre le coût global final du projet et l’enveloppe financière n’est pas substantiel, mais le niveau de subventions finalement perçu par la ville (7,3 M€) a été nettement plus faible que celui attendu (24 M€). » Rapport de la chambre régionale page 5.

 C’est un problème mais franchement pas de quoi faire tout l’article là dessus. L’investissement a été absorbé par un effort de gestion et par une adaptation de la politique d’investissement. Il n’y a qu’à regarder l’évolution de la dette.

 

Ce qui est plus inquiétant, c’est que la dette remonte, sans qu’il ait un investissement d’envergure qui le justifie.

 L’article parle aussi du déficit de recettes de l’opération. « Quant aux recettes (sommes payées par le délégataire de service public pour exploiter le parking, la location du cinéma et les subventions), on atteint péniblement les 27 213 617 euros. »

 Là, je suis globalement d’accord même si on peut accepter des déficits si le projet est structurant et draine de l’activité. Mais la passation des contrats a sous-évalués les loyers.

Si on devait émettre une critique sur les Cordeliers, cela ne serait pas celle-ci. Le problème tient plutôt dans la taille de la grande salle (900 places). Les spectacles sont prévus pour des jauges. En général 700 et 1200 spectateurs. En se situant au milieu le théâtre est trop grand pour les spectacles configurés pour 700 et ne peut pas accueillir les spectacles de 1200 qui ne peuvent pas être rentabilisés. Ca complique donc la programmation et l’offre culturelle. L’autre problème est que la gestion n’ait pas été transférée à l’agglomération.

Le reste de l’article

Ensuite l’article annonce que l’endettement de la ville que « 70 % de la dette albigeoise est à taux fixe et non avec des prêts risqués.» C’est vrai et les personnes attentives constateront que nous n’avons jamais critiqué le type d’emprunts qui sont pour beaucoup le fait de l’ancien maire.  Ce qui pose problème c’est la remontée de la dette récente. 

Le traitement du rapport est très faible. Si vous voulez un résumé commenté vous pouvez consulter le précédent article du blog.

 Ensuite l’article énonce que la fiscalité est restée stable. C’est faux puisque la taxe d’habitation et la taxe foncière ont augmenté fortement en 2019 après des hausses en 2017 et 2018. De 8.17 % en modifiant les abattements et aussi parce que la valeur locative a augmenté.  La baisse de la dotation n’est plus une excuse valable puisqu’elle remonte depuis deux ans. 

 Le vrai problème est que la ville voit son résultat d’exercice plonger et son excédent brut de fonctionnement plonger (les deux lignes en rouge du tableau).

 

Et ce mécanisme compromet la capacité d’investissement du futur. Et Patrick Vieu a raison d’insister dans l’entretien de ce jour. Il n’y aura que deux choix : augmenter les impôts ou augmenter l’endettement si on veut maintenir l’investissement et le modèle de fonctionnement actuel. Sinon, il faut revoir la gestion et réduire les dépenses.

Du coup je vais m’engager

Je ne souhaitais franchement pas me présenter et je l’avais énoncé avec ironie avec une page parodique Facebook intitulée « je ne suis pas candidat » qui était un pastiche de de candidature. Mais face à la dérive des dépenses je prendrai mes responsabilités et je soutiendrai le plus possible et le plus directement possible Patrick Vieu qui semble être le plus à même de réussir un redressement des dépenses. Et ce malgré le fait que j’ai des amitiés dans la plupart des listes et des collectifs. S’intéresser à la politique, c’est aussi faire des choix. Si possible un choix de gestion rigoureuse.  Jusqu’à présent, je me contentais de produire des analyses pour Vivalbi. Là j’annonce officiellement mon soutien. 

Il propose un arrêt de la hausse des impôts et une maîtrise des dépenses. Cela me paraît bien plus raisonnable que ce j’ai pu lire ailleurs sauf chez Muriel Roque Etienne qui a cette ligne. Les gens travaillent dur et les impôts sont un poids important de leur budget qui est de plus en plus serré. Chaque centime dépensé doit être justifié et pensé pour éviter les gaspillages. Sinon le consentement à l’impôt se dégradera. Et il est urgent de réagir.