Albi et le personnel : Gérer, c’est prévoir

Gérer c’est prévoir. Gérer c’est savoir arbitrer et mesurer le champ des possibles.

Il faut savoir anticiper et avoir une vision à long terme. Il faut pouvoir comprendre que certaines décisions engagent l’avenir. Soit en l’éclairant, soit en l’assombrissant. Il y a un an par attachement à la commune, par attachement à Albi, par passion de sa collectivité madame Roques-Etienne avait posé une décision forte en démissionnant de la majorité. Elle a été rejointe depuis par monsieur Bonnecarrère. Ils ont alerté en vain sur l’inconséquence du choix d’augmenter le nombre d’agents municipaux et sur le fait d’augmenter la TH et la TF. On ne peut à la fois reconnaître le mérite de ces agents et chercher à recruter en masse. Sinon c’est l’avenir qu’on obère quand il devient difficile d’augmenter les ressources.

Patrick Vieu et moi-même,  citoyens curieux et intéressés par la vie de notre collectivité, avons aussi alerté. Mais madame le mairie persiste et signe avec un bulletin municipal orienté et des informations rigolotes pour présenter son budget. Je préfère en rire. Je l’ai déjà dit.

Un mensonge répété plusieurs fois ne devient pas une vérité.

 

La ville d’Albi a la chance d’avoir  des équipes d’agents formidables. Je veux rendre hommage à leur professionnalisme. Comme d’autres, je me soucie de leurs conditions de travail. C’est précisément l’objet de mes réserves. Si nos édiles et nous-même simples habitants souhaitons à la fois valoriser les équipes en place et tenir un équilibre budgétaire, il faut savoir faire évoluer les effectifs avec prudence. Ce n’est pas le cas. D’autant plus, quand une partie des missions sont transférées à l’agglo.

Pourquoi cette mise en garde

Laissez-moi revenir sur mon raisonnement. Le point de départ est ma compréhension des mécanismes du RIFSEEP. Le fameux régime indemnitaire de la fonction publique qui était nécessaire. Le cadre était connu depuis longtemps. Un décret de mai 2014 et une circulaire de décembre 2015. Un arrêté d’échéance d’adhésion de décembre 2016. On ne peut feindre la surprise.

Je le redis gérer, c’est prévoir et anticiper.

On connaissait le calendrier qui fut par la suite confirmé. L’augmentation de la masse salariale à nombre d’agents constant était donc actée.

Je voudrai maintenant poursuivre mon raisonnement. Le taux de croissance attendu sera faible dans les années à venir. Depuis octobre 2018 le FMI s’inquiète pour la croissance mondiale. Les 1.7 % de croissance ne seront pas tenus et la tentation de réduire les dotations sera grande. D’autant plus que la commune ne s’est pas engagée dans le processus de contractualisation avec l’État qui permettrait de garantir les dotations. C’est aussi pour moi une erreur. Le budget a été construit sans tenir compte de l’actualisation de la conjoncture et du risque financier. Elle sera hélas moins bonne que ce qui est prévu dans le budget primitif.

Or sans croissance, il n’y aura pas de marge de manœuvre puisque seules la FCTVA ou la CFE pourraient augmenter à condition que la conjoncture soit bonne (ce n’est pas le cas). Plus la TH et la TF puisque la commune a épuisé ces dernières marges de manœuvre en augmentant massivement de 8,24 % la TH et la TF  par le mécanisme de la réduction des abattements.

De plus, les élus connaissent aussi le mécanisme Glissement Vieillesse Technicité. Les agents progressent dans leur carrière. Ils changent de corps ou d’échelon. La rémunération évolue par ce simple mécanisme. Et c’est une bonne chose pour reconnaître leur travail.

En outre le point d’indice est quasiment gelé depuis 2010. Hormis la faible augmentation de 2016 et 2017, il n’a pas bougé. Cette situation ne sera pas éternelle. Surtout depuis la crise des gilets jaunes. Vous dites imprévisible ? Faux. P. Artus et M-P. Virard avaient écrit « et si les salariés se révoltaient ». Ils indiquaient cette possibilité.

Gérer c’est prévoir et être sensible aux signaux faibles de l’environnement.

Il fallait donc anticiper. Gérer c’est anticiper. Or la ville n’a plus de marge de manœuvre dans les rentrées fiscales dans la période à venir. Et elle fait face à un risque latent d’augmentation de la masse salariale qui contrairement à l’affirmation du bulletin municipal n’est pas de 32 % inférieur à la moyenne de la strate. Je l’ai déjà dit :

Un mensonge répété plusieurs fois ne devient pas une vérité.

La ville a mis en place les conditions d’un dérapage. Les albigeois et les agents le savent et le verront. Ils sont souvent plus raisonnables et ancrés dans la réalité que ce que l’on pense. La ville  n’aura aucune capacité pour répondre aux aspirants légitimes de ces agents qui se dévouent corps et âme à notre ville. C’est un formidable gâchis.