Albi : 8ème Etats Généraux

C’est une manifestation que j’aime bien. Je m’y rends chaque année. Mais cette année flottait un parfum de campagne. Petit retour sur la manière dont je l’ai vécu.

J’ai attendu de faire quelques vérifications avant de publier cet article. La première chose qui m’a frappé en me rendant à la conférence était de constater qu’il y avait vraiment beaucoup plus de monde que les années précédentes. Deux hypothèses se présentent. Soit les invités étaient particulièrement attractifs, soit la campagne électorale a commencé dans la tête des albigeois.
Comme je regarde ça d’un peu loin, cela m’a fait sourire. Je participerai à ma manière. Uniquement en produisant des analyses.

La présentation d’Albi

Il n’y a pas grand-chose à dire là-dessus. À part que c’était l’exercice de communication habituel. Une ou deux choses m’ont gêné.

D’une part, la présentation les travaux de l’aménagement de la RD 612. Certes le giratoire de Ranteil est financé  à hauteur de 367 000 € par la ville et  650 000 € par la Communauté d’agglomération de l’Albigeois (C2A) alors que  le département met 200 000 € (total de 1,28 M€ ), mais globalement la RD612 dans son ensemble est une réalisation du département. Or l’imprécision dans les propos laissait planer un doute.  Les départementales c’est le département. En effet, l’article L.131-2 du code de la voirie routière est limpide : « Les dépenses relatives à la construction, à l’aménagement et à l’entretien des routes départementales sont à la charge du département ». On peut le vérifier aisément sur de nombreux sites comme celui de l’association des maires de France. À force de tout mélanger, il ne faut pas s’étonner que les citoyens n’y comprennent plus rien.

D’autre part, pour le musée Lapérouse et l’intervention du musée de la Marine, j’ai trouvé particulièrement inélégant de ne pas rendre hommage à Jean-Marie Pestel et à l’association du musée. D’autant plus que l’intégration du personnel du musée à l’effectif municipal s’est fait en douceur grâce à la bonne composition de l’association. Il y avait un problème juridique et les membres ont préféré la voie diplomatique. Les élus en charge du dossier sauront à quoi je fais allusion. L’association a été super diplomate. Il faut arrêter de penser que les gens ne sont au courant de rien. Il faut savoir reconnaître le mérite des autres.  En plus les membres (sur leurs deniers personnels) parcourent l’hexagone et le monde pour faire rayonner le navigateur et notre citée. Petit rappel.  Et il y a un super projet avec l’Hermione et sur la canal du Midi. Ça vient de l’asso. Pas de la ville. Hélas pas un mot.

L’intervention d’Alain Juppé

Pour le coup, je ne peux que féliciter les élus de l’avoir invité pour parler d’attractivité. Son intervention fut à la fois passionnante et douloureuse. J’y reviendrai. Passionnante par la précision des propos. Lorsqu’il parle de sa ville, on sent une forme de passion. Il a su travailler sur le temps long et avec les élus d’opposition pour construire un développement cohérent. Ce qui m’a le plus frappé c’est l’existence d’une batterie d’indicateur sur divers sujets. Création d’emploi, un objectif et le pourcentage d’atteinte de l’objectif. Une question sur le tourisme ? Immédiatement de nombreux points techniques et une série de chiffres pour illustrer les propos. Il ne sait pas ou il n’a pas réussi à atteindre un objectif ? Il assume et le dit sans ambages. ‘Là je me suis raté ou je n’ai pas réussi.’
Un autre point saillant était sa capacité à travailler avec les élus d’opposition et de son territoire. « Un tramway n’est ni de droite ni de gauche c’est un élément structurant. » Il a même confié une mission à des élus pour aller voir la solution téléphérique à Brest.  Au passage et c’est cela que je voulais vérifier : La disponibilité de tous les indicateurs de pilotage et les échéanciers, ou les indicateurs de pilotage pour les simples citoyens. Et bien c’est le cas. Quel contraste avec Albi.

Je retiendrai donc les points suivants :
– Avoir l’intelligence de travailler avec les élus d’opposition dans un respect mutuel dans l’intérêt du territoire.
– Avoir l’intelligence de faire de même avec les élus de l’agglomération
– Avoir des priorités et des chiffrages rigoureux
– Avoir des indicateurs de pilotage et des éléments qui permettent de savoir où on en est dans les dossiers.
– Etre transparent
– Savoir reconnaître ses erreurs ou ses échecs car personne n’est parfait.

Et c’est là que ça devient douloureux. C’est précisément tout ce qui me manque à Albi.

– les conseils municipaux sont particulièrement houleux à Albi. Pas spécialement du fait de l’opposition d’ailleurs. Il paraît que ça s’est calmé depuis que les CM sont filmés. Eh ben !
– Sur des dossiers comme Albi ville autonome alimentaire, les élus verts ont une légitimité parce qu’ils sont au contact des milieux militants qui se sont emparés de ces questions. Pourquoi ne pas travailler avec eux.  Sur le commerce les élus socialistes ont de par leur profession une légitimité. Pas consultés. Sur la sécurité ? Pas de consultation des élus d’opposition ni la population. Je vous laisse aller voir la plateforme de consultation si vous voulez vous marrer.  Tout fonctionne de manière clanique. On est avec la majorité municipale ou contre elle. Aucun argument, même le plus fondé, ne semble être recevable. Je trouve cela particulièrement dommage.
– Je n’arrive pas à voir comment les autres communes de l’agglomération sont intégrées dans un développement concerté. Je ne suis pas tout à fait un citoyen lambda. Si je n’y arrive pas, cela doit être le cas de presque toute la population. C’est sympa de faire de représentation et de serrer des mains ou la faire la bise à tout le monde, mais une ville ça se gère. Et gérer, c’est prévoir.
– La transparence est inexistante. On a juste de la com et en plus les données sont fausses.
– Je n’ai à ma disposition aucun indicateur de pilotage ou d’éléments factuels pour connaître les priorités ou la vision de la ville que porte l’équipe en place. Ça part dans tous les sens. Je dois me contenter de la propagande communicationnelle d’Albi Mag.

Puisqu’on parle d’Albi Mag 

Je l’ai reçu comme tout le monde. Une page a attiré mon attention. Celle sur le budget. La voici. Page 22 de février 2019.

Je me suis dis que j’avais bien fait de titiller la ville avec la série de billet sur le budget.
Je souhaite faire juste une remarque :

UN MENSONGE RÉPÉTÉ PLUSIEURS FOIS NE DEVIENT PAS UNE VÉRITÉ

En effet, ce n’est pas parce que le taux de la taxe d’habitation ne monte pas que l’imposition ne monte pas. J’ai déjà montré que la Taxe d’habitation allait augmenter de 8,24 %. C’est ici.
Nouvelle explication.

Pour calculer l’impôt (la portion en violet), on prend la base fiscale (le rond en bleu; on l’appelle aussi l’assiette) et on applique un abattement (on peut considérer que l’assiette à un bord dans lequel on ne met rien). On se retrouve donc à imposer la partie en vert. C’est à cette partie qu’on applique le taux. Si je réduis l’abattement (je passe du cercle vert au cercle rouge). J’ai une plus grosse assiette à imposer car le bord est plus petit. J’ai la partie orange qui s’ajoute à la partie en violet. J’ai donc bien augmenté les impôts. C’est ce que j’avais calculé dans un autre post. + 8,24 %.

Pour le reste c’est aussi assez cocasse. Voici le site du ministère des impôts qui est le site officiel qui calcule le compte de la ville et le compare aux autres communes de la strate. Ca donne ça. En il va falloir qu’ils m’expliquent comment il peuvent prétendre entre 32 % en dessous de la strate pour les dépenses de personnel par habitant. En contradiction totale avec le site officiel du gouvernement. 

Là c’est 2017. Je n’ai pas encore 2018. Mais j’ai déjà calculé cela dans une série de posts qui commence là.  (Vous pouvez taper Albi dans la barre de recherche du site et vous aurez tout ce qui concerne Albi.)

Pourquoi mentir alors que tout est vérifiable ? Je veux bien les calculs et je suis prêt à discuter avec les élus s’il le faut. Le problème c’est que lorsqu’on fait cela on perd la confiance des administrés. Aujourd’hui, je n’ai absolument plus confiance dans leur sincérité.  Et il y a le problème des embauches.

Pourquoi je trouve cette dérive problématique ? 


C’est assez simple en fait. La ville a grillé sa dernière cartouche en augmentant massivement la taxe d’habitation et la taxe foncière. Elle ne va pas avoir de nouvelles marges de manœuvre. Depuis 2017 le nombre d’embauches a été très conséquent alors que des services ont été transférés à l’agglomération.
Le taux de croissance attendu sera faible dans les années à venir. Depuis octobre 2018 le FMI s’inquiète pour la croissance mondiale. Le budget a été construit sans tenir compte de l’actualisation de la conjoncture et du risque financier. Or sans croissance il n’y aura pas de marge de manoeuvre puisque seule la FCTVA ou la CFE pourraient augmenter. Plus la TH et la TF. Par ailleurs on sait que le gouvernement s’est engagé à refonder le contrat social des agents publics. Il y a donc eu une série de mesures.  

Il y a par ailleurs d’autres négociations détaillées dans cet article.  C’est une très bonne chose que de revaloriser les fonctionnaires en place. Le travail le mérite. Mais si vous augmentez les rémunérations et aussi dans le même temps le nombre d’agents et que vous considérez le mécanisme GVT (glissement vieillesse technicité : les agents progressent dans leur carrière -tant mieux- et et changent de corps -technicité) et le fait que le point d’indice ne pourra pas être gelé durablement vous avez les conditions d’une non-maîtrise de la masse salariale qui est déjà problématique contrairement à ce qui est affirmé. Pas d’augmentation des recettes et explosion potentielle des dépenses, ça fait toujours des dégâts.