moneda, sobeiranitat e localisme
La monnaie est classiquement envisagée comme un attribut de la puissance publique et un instrument de propagande au service de celle-ci. Pour nous l’histoire du Franc débute en 1795 pour s’achever fin 1998. Depuis cette date et la mise en circulation de l’euro, un bonne partie de la souveraineté a été transférée à la BCE. Si cette création fut diversement perçue, on pouvait y voir un formidable outils de cohésion européenne. Ce fut le cas au départ mais la crise de 2009 à fait voler en éclat cet optimisme.
Depuis mars a débuté un « quantitative easing » (QE). Il s’agit d’une technique de création monétaire par rachat d’actifs. Concrètement, la banque centrale va acheter des dettes d’Etat à hauteur de 60 milliards d’euros par mois jusqu’à septembre 2016. Elle espère que ce mécanisme relancera les économies de la zone, fera baisser les taux d’intérêt et permettra une amélioration de la compétitivité et des exportations. Hélas le mécanisme est pondéré au poids des économies et l’Allemagne aura plus de possibilité d’utilisation que la Grèce qui en a plus besoin. L’effet le plus immédiat de cette mesure sera probablement de favoriser les spéculateurs en faisant monter les prix d’actifs (immobilier et actions) au profit des plus riches. La question sera de voir si cet argent arrivera aussi dans l’économie réelle. Rien ne l’indique de manière certaine dans les expériences connues dans d’autres pays.
A ce stade, nous pouvons déjà poser la question de la pertinence de la zone euro. Celle-ci n’est pas optimale au sens de Mundell. Les économies sont très différentes, La mobilité des travailleurs est faible. Les systèmes fiscaux très différents conduisent à mettre les pays en concurrence les uns avec les autres. Il n’ y a surtout pas de mécanisme de résolution des crises. De plus, avec l’intégration financière les capitaux peuvent se déplacer très vite et compliquer les solutions aux crises. En cas de choc asymétrique il n’y a pas de mécanisme de solidarité et de transfert de fond pour aider les pays touchées. De ce fait, la contestation et les nationalismes augmentent face à l’austérité imposée et au manque de solidarité effective entre pays.
Nous pouvons aussi nous interroger sur la politique commerciale de l’Europe. En 2014 l’excédant commercial de la zone euro s’élève à 240 Milliards d’euros environ. C’est 2.4 % du PIB de la zone euro. En réduisant l’austérité, nous aurions pu consommer ce montant (éducation, logements sociaux, transition énergétique, solidarité européenne…) sans que cela pose le moindre problème de financement à nos économies. En effet, nous avions produit et vendu suffisamment pour ça. Faire baisser l’euro avec le QE et créant des liquidités relève du mercantilisme et d’une logique non coopérative. Nos partenaires internationaux risquent de ne pas l’accepter longtemps et la guerre monétaire s’accentuera entre devises.
Face à la finance irresponsable, certains envisagent la question du localisme monétaire. C’est aussi s’intéresser à la diversité. De belles initiatives existent (sol-violette par exemple) pour réinsérée la monnaie dans le réel, la solidarité et dans le local. En général ces initiatives militantes fonctionnent sur de petits territoires. Elles posent cependant deux problèmes principaux. La fongibilité (perte de valeur au fil du temps) voulue par les promoteurs, lui fait perdre la qualité de réserve de valeur qui est des attributs de la monnaie. Les deux autres sont celui d’unité de compte et celui d’intermédiaire de l’échange. La deuxième problème est le territoire couvert. Les territoires les plus pauvres n’ont souvent pas le luxe d’une monnaie locale et peuvent voir leur fragilité se renforcer s’ils sont exclus de la zone d’échange. Pourquoi ne serais-je pas solidaire d’un territoire dont je suis proche s’il est exclu du périmètre de circulation de la monnaie ?
A travers ce bref article nous voyons bien que la question de la monnaie est une question centrale dans les économies. Ce n’est pas un intermédiaire banal de l’échange. C’est aussi un instrument politique au service d’une vision particulière de la société qui peut renforcer les solidarités ou les atténuer. Certains ont même rêvé à l’instar de J. Huxley à une utopie planétaire visant l’unité politique mondiale avec une seule monnaie pour toute la planète.