Meilleurs vœux pour l’économie en 2017 !

Il est hasardeux de construire  un scénario plausible,  alors que  de fortes   incertitudes politiques  pèsent sur l’économie mondiale.  Trump réalisera-t-il l’intégralité des mesures protectionnistes  annoncées pendant la campagne ?   Après  les résultats élections françaises, allemande,  de la démission de Renzi en Italie,   la zone euro va-t-elle imploser    par suite de « jeux stratégiques non coopératifs » entre les 28 … bientôt  réduits à 27  avec le Brexit ?   En ce début d’année,   nous  préférons formuler  quelques pistes de  réflexion et  des proposition  à moyen terme : nos  « vœux  d’économiste » pour l’Europe et la France.

 

Protéger les entreprises et non les biens.

Faut-il remettre  des droits de douanes  sur les produits importés ?  Ou bien mettre fin à l’euro et  revenir  aux  monnaies nationales, afin de  permettre  aux pays périphériques de la zone euro dévaluer ?   Ce débat  sur le protectionnisme est mal formulé. Le retour des monnaies nationales ne modifieraient pas les jeux non-coopératifs.  Depuis 20 ans  une « segmentation des  processus productifs »   a fractionné la production de n’importe quel bien  en composants multiples,  en provenance de   nombreux  pays.   On ne reviendra pas en arrière : impossible, à court terme,  de substituer  du 100 %  « made in France ». à  ces importations. Taxer les importations ou dévaluer conduirait  simplement à augmenter les prix sans réduire le volume des importations.   Ainsi, on  observe depuis  2014  une dévaluation de l’euro   de 30 % par rapport au dollar … et pourtant  le solde commercial de la France ne cesse de  se dégrader.  Par contre, le développement du rachat d’entreprises françaises ou européennes par des  capitaux  étrangers, et surtout  les délocalisations,  industrielles  doivent être freinés.    Dans les secteurs stratégiques où nous avons des savoirs faire,  il faut sans complexe  protéger nos entreprises,  par la commande publique (Alsthom) ou la participation  temporaire de l’Etat au capital (Peugeot).

 

Investir dans la transition énergétique  

 Avec la  COP 21,   le monde s’est engagé dans  la  transition énergétique. Double objectif   : substituer  des énergies  propres aux énergies fossiles,  préparer  l’après -pétrole.  Les données  de l’Agence Internationale de l’Energie  sont sans appel : nous entrons dans un monde où l’approvisionnement en énergie sera de plus en plus contraint.  Or, sans énergie,   pas de création de richesse. G. Giraud et Z.Kahraman  établissent que l’énergie est un facteur primordial de  la croissance potentielle, la croissance de demain.  La hausse du brut est un signal … positif, puisqu’elle rentabilise les investissements les énergies du futur… à condition que les compagnies pétrolières n’en  soient  pas les bénéficiaires. D’où la  proposition de l’Accord sur le Climat de  cesser d’aider la recherche pétrolière qui reçoit la plus grand part des  subventions.    Sur le renouvelable, La France est en retard.   Avec son  domaine côtier,  elle disposerait   pourtant   du  premier  « parc »  à  éoliennes d’Europe, mais en produit peu. Voilà une filière stratégique   Par  des  incitations fiscales,   l’isolation des bâtiments, l’efficacité énergétique des véhicules   ouvre d’autres pistes  à un investissement massif.   

 Différencier emplois nomades et sédentaires

Il y a en France, selon J-N Giraud,  environ 30 % d’emplois « Nomades » – et 70 % d’emplois « Sédentaires ». Les  « nomades »  sont  des emplois  très qualifiés  et mieux rémunérés, mais exposés  à la compétition internationale. Si  nos entreprises perdent leur compétitivité,  ou  ne savent plus  les attirer,   ils   disparaissent vers  d’autres pays. Pour les garder et les développer, il ne faut pas les « matraquer »  et   tenter d’harmoniser la fiscalité en Europe.  Il faut surtout prioriser la formation : la médiocre  25 ° place de la France au classement PISA invite à   réformer un système éducatif   trop élitiste qui  débouche  sur un nombre suffisant de jeunes diplômés. Il est nécessaire d’investir massivement dans la formation continue longue  et qualifiantes pour toutes les personnes qui peinent à rejoindre durablement le monde du travail.  Les « sédentaires » sont souvent des emplois de services à la personne, dépendent principalement  de la demande nationale,  avec une concurrence  limitée. Car  on  est encore prêts  à se faire coiffer  à l’autre bout de la France  ou  extraire une dent en Hongrie !   Et la Commission vient de  limiter le risque  de concurrence déloyale (« plombier polonais »)  en imposant des conditions de salaire et de travail conformes aux normes nationales.    Comment  développer aussi  ces emplois et   réduire  le chômage  de moins qualifiés ?  Il faut supprimer les charges sur les bas salaires,  flexibiliser sans précariser,  éviter l’ « ubérisation » en protégeant  l’actif plus que l’emploi.

 

 Plaidoyer pour une Europe coopérative

 

Selon  Patrick Artus,  2017 s’annonce périlleuse pour l’Europe. Elle risque d’être confrontée à  plusieurs  « chocs » : la  hausse des taux d’intérêts à long terme  (initiée par la Fed qui remonte peu à peu ses taux) qui  réactiverait la crise de la dette souveraine (Grèce, Italie) que Mario Draghi avait réussi à endiguer  par des émissions  massives de monnaie centrale (80 milliards chaque mois) ;  la hausse du pétrole risque de fragiliser la  reprise de la consommation ;   un  retour du  protectionnisme  (Trump, Brexit)  et des dévaluations offensives ( Livre, Yen) pourraient affecter le commerce extérieur de la zone euro , qui dégage  actuellement  un excédent de commercial  record de 300 Milliards d’euros.  Dans ce contexte, on doit  souhaiter une stratégie enfin  coopérative entre  Européens.   D’Abord ,     les pays  excédentaires  de la  zone,  comme l’Allemagne, au lieu d’avoir un excès d’épargne qu’ils placent à l’extérieur,    pourraient l’investir dans la zone , soit  une « relance » de plus de 1 %  de leur  PIB agrégé (30 000 milliards) . Cette  manne importante permettrait  d’apurer les dettes  des  pays périphériques.     Ensuite,     l’Europe  devrait mettre fin à une ruineuse concurrence fiscale (graphique) qui appauvrit les Etats,  et salariale,  qui appauvrit la classe moyenne.  Mais il  faudra attendre l’issue des élections pour espérer la réalisation  de ces vœux…  

 

Christian Branthomme et Loïc Steffan