Le monde est complexe, bordel de m…

Je dois choisir.pour-contre
Pour les salariés d’Air France ou contre…
Pour la violence ou contre…

POUR, car le licenciement est dégueulasse. CONTRE, car ils ont failli lyncher un pauvre DRH.

J’ai 140 caractères dans un « tweet » pour choisir mon camp et fermer les écoutilles  aux arguments du camp adverse. Si j’arrive à faire un bon mot dans un « tweet », c’est gagné. Si en plus je place une contrepèterie, c’est le graal !

 

Violence CONTRE les salariés, violence DES salariés : Je m’indigne des deux à la fois !

Oui je sais, je m’indigne DE TOUT et DE RIEN comme S. Hessel. Du plus important au plus futile, je m’indigne.

Ce dernier évènement est pour moi l’occasion de revenir sur ce que je ressens de plus en plus.  A chaque évènement médiatique d’importance, « On » (ce C…) me somme d’être POUR ou CONTRE.

 

Désolé, j’ai le sentiment que c’est beaucoup plus compliqué que toute prise de position caricaturale.

Le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de m….. ».

Je suis totalement en désaccord avec çà et je m’agace du manichéisme ambiant. Pour ou contre les grévistes, pour ou contre Finkielkraut, pour ou contre l’intervention en Syrie, pour ou contre Charlie, pour ou contre le mariage pour tous, etcPour ou contre le livre de Manent, pourrais-je ajouter, car il introduit un débat sur la laïcité à l’aune de l’évolution de la société française.

 

Puisque je parle du livre de Manent, j’ai identifié, moi-aussi, dans celui-ci (situation de la France p. 78) une phrase : « La séparation entre la personne et ses opinions n’est assurément pas si aisée à faire, et le chef-d’œuvre d’une société libre c’est de savoir combiner la critique vive des opinions qui semblent fausses avec le respect de la personne. ». Il me semble que les éditorialistes, les intellectuels, les bretteurs de tout poil jouent mal ce rôle. Je suis effaré de voir ces pâles émules d’Andreï Vinsky et de Nikolaï Lejov inonder le web. Je relève bien quelques éléments utiles d’un point de vue critique ou argumentaire, ici ou là, voir dans l’ailleurs (!), mais force est de constater que le bon sens y trébuche souvent sur des cumulus hyper-partisans à charge ou à décharge, oubliés les mots goupillons, voici maintenant l’avènement du verbe qui sabre.

 

Journalistes, politiques, Intellectuels, faites votre boulot. Expliquez la complexité du monde !

Je souhaiterai tant que ceux dont c’est le métier ou la vocation, expliquent la complexité du monde. Quand je parcours l’immensité des éditos, j’ai envie soit de braire, soit de pleurer, ou en désespoir de cause me résoudre à prendre un abonnement à l’AFP ! Je sais, ce n’est pas facile quand l’argument fait défaut on perd très vite la veste, la cravate, la chemise… J’écris ma rubrique du Tarn Libre avec Christian Branthomme On se dispute : l’un ou l’autre prenant trop position dans un sens ou dans l’autre. Mais essayons de progresser.

 

Notre société est en crise, est-ce encore courageux que de le dire ?

Pour faire simple, s’il se peut sans tomber dans le simplisme, trois crises s’entretiennent en boucle : majeure, crise de l’emploi, crise du sens commun et crise du lien social commun. On pourrait en ajouter d’autres. Je l’ai fait dans un autre article.

Dans la crise de l’emploi, l’échec collectif de l’État et des politiques publiques menées successivement pour l’endiguer mine le moral de la société. L’État n’est plus le seul fautif car l’absence de croissance et de marges, qui semblent durables, crispent tous compromis sociaux. La violence scénarisée contre le DRH d’Air France est inacceptable. En contre-point, celle d’un licenciement de 2900 personnes après 4 ans d’efforts réciproques pour sortir l’entreprise d’une kyrielle de déficits l’est tout autant. Ne me demandez plus de hiérarchiser mes indignations sur ce sujet, si l’une des violences est passible de recours aux tribunaux de justice, l’autre, tel évènement en chassant un autre, rejoindra le fantomatique tribunal de tous nos renoncements dont les fondements ne sont perceptibles que par l’étonnement d’un constat en forme chrysalide : chassée toute « morale » sur l’autel des bénéfices, les valeurs subissent une cascade de dévaluations. Le problème est que la valeur sociale du travail (« tu gagneras ta vie à la sueur de ton front ») est redevenue en ces temps de crise, et d’éclatement des solidarités familiales, source majeure d’identité sociale. A défaut, l’identité absente se reconstitue là où elle le peut, s’efforçant de lier celle-ci aux moindres signes d’appartenance et de reconnaissance, pis, de communautarismes dangereux. A défaut d’espace, l’on trouvera un bouc émissaire comme nous le propose R. Girard et chacun d’ajouter « Haro sur le baudet ».

 

La crise du social résulte des difficultés à financer des solidarités.

Le CNR avait su créer la sécurité sociale, dont nous fêtons les 70 ans d’existence. Preuve du défaitisme ambiant, les Français y sont attachés mais sont pessimistes sur son avenir. Ne voient-ils pas qu’elle dépend uniquement de l’argent que nous voudrons bien y mettre et qu’elle n’est pas menacée si nous voulons bien nous en préoccuper ? Nous peinons à concilier flexibilité et solidarité. Cette crise provient aussi du délitement des communautés et des tissus de relation des individus. La famille tout d’abord, mais aussi le village, les églises ou les partis politiques et les syndicats. Du coup lorsque les solidarités traditionnelles ne fonctionnent plus, le moindre accident de la vie peut tout emporter et détruire les individus. La logique assurantielle ne pourra jamais remplacer toutes ces solidarités qui ne sauraient désormais être idéalisées, car la pression de conformité agissante soumet le groupe aux normes et comportements établis dans une indicible auto-censure qui s’impose par la primauté de la liberté individuelle d’agir et penser pour le sens commun à partager et les cataplasmiques interdits de plus en plus pesants des institutions étatiques.

La crise du sens découle, semble-t-il, de l’incapacité de notre société à transformer une partie des objectifs individuels en réalisations collectives. Du coup, au risque de se répéter, le combat se concentre sur l’extension indéfinie des droits individuels qui sapent le collectif. Je suis relativement d’accord avec Jean-Claude Michéa, et d’autres, lorsqu’ils affirment que le libéralisme culturel et libéralisme économique, poussés à l’extrême, sont les deux faces d’une même médaille et d’un système qui n’accepte plus de limites pour l’individu refusant de se fondre dans un collectif. Nous n’avons plus collectivement le sens du commun. Nous n’avons plus collectivement le sens de la décence commune pour reprendre une expression d’Orwell.

Les tentations de replis et de mauvaises solutions peuvent apparaître. Le protectionnisme dans l’ordre économique, l’autoritarisme dans l’espace étatique et politique, la tentation communautariste dans le domaine social, le fondamentalisme et l’intégrisme dans l’ordre du sens personnel.

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

 

Tout cela n’est pas nouveau… j’ai retrouvé des textes qui avaient plus de 15 ans et qui disaient peu ou prou la même chose. Cela m’inquiète.

 

Alors allons y franchement.

Oui, il est scandaleux de s’en prendre violemment à un cadre d’Air France. Laurent Bouvet a raison de citer R. Girard : “la violence inassouvie cherche et finit toujours par trouver une victime de rechange. A la créature qui excitait sa fureur, elle en substitue une autre qui n’a aucun titre particulier à s’attirer les foudres du violent, sinon qu’elle passe à sa portée” (La Violence et le sacré, 1972). Ce cadre est un bouc émissaire. Mais il faut dénoncer avec autant de force, l’extrême violence du plan de licenciement qui laisse sur le carreau 2900 salariés qui auront bien du mal à retrouver un emploi.

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

 

Oui, Finkielkraut m’agace parfois. Mais il m’aide à comprendre un vision du monde et il me force à réfléchir. Son érudition m’est beaucoup plus profitable que la vindicte d’un Bruno Roger-Petit ou d’un Thomas Guénolé, ses contempteurs. En plus question culture, ils sont largement à la traîne (Je pourrai tenir le même propos de Michel Onfray). Pourtant, je ne suis ni athée, ni hédoniste comme lui. Tout deux sont habités par une forme de doute et de pensée en mouvement. Je pars du présupposé qu’ils vont me déranger mais que j’apprendrai grâce à eux. Après, je fais le tri.

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

 

Je crois que les réfugiés syriens sont aussi des réfugiés climatiques. On l’oublie trop souvent. Je crois que la déstabilisation du monde est telle que les flux migratoires ne cesseront pas avant longtemps. Il faudra bien trouver des solutions. Ceci étant dit. Non, la France n’a peut être pas raison de vouer aux gémonies Poutine. Qu’il soit peu amène avec l’opposition et qu’il joue, en retour de ce qu’il a perçu comme une provocation, un jeu trouble en Ukraine, c’est certain. Mais les groupuscules  fascistes présents soutenus par les égarements de l’Europe ne valent guère mieux. Que la liberté d’expression ne soit pas son fort, évidemment, demandez aux Pussy Riot ou aux femen (qui me gonflent, elles aussi, car elles croient que le monde est binaire). Ensuite, quand on m’explique que les islamistes opposants à Bachar Al Assad sont modérés je tique. Une discussion avec Majid, un chrétien iraquien de ma paroisse m’a fait réfléchir. Il est arrivé avec sa famille, il a 5 ans. Ce week-end, c’était la fête. Nous recevions à la messe une partie de sa famille fraichement débarquée. C’était émouvant d’entendre des prières en arabe. Lui, est pour l’intervention de Poutine en Syrie. Il me fit remarquer que l’occident avait profondément déstabilisé l’Iraq avec la chute de Sadam Hussein. A l’époque au moins, ils pouvaient se revendiquer chrétiens sans crainte. L’intervention russe est pour lui un espoir. Je dois dire que cela m’a surpris. Si je sors de mon ethnocentrisme d’européen, je suis obligé de l’écouter et convenir que je connais bien mal la situation pour avoir un quelconque avis définitif. C’est pareil lorsque j’écoute mes amis kurdes. Je ne connais rien à la situation et je peux facilement être manipulé si je n’y prends pas garde.

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

 

Continuons. Oui, je suis pour Charlie et je pense que Pierre Manent (p. 79) à raison de critiquer une citation du pape : « si un ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un ramponeau », car ma foi ne m’est pas propre comme l’est ma relation à ma mère. L’association religieuse à laquelle j’appartiens obéit à des lois dépendantes de la société dans laquelle elle est insérée depuis des siècles. Je dois répondre avec les lois de la société. «Le commandement politique a été rigoureusement séparé des commandements et des préceptes religieux enjoints par l’Église: c’est la laïcité en son sens propre, la laïcité effectivement nécessaire et salutaire.» dit P. Manent. On ne saurait être plus clair.  En toute chose, je préfère le respect. La liberté d’expression doit prévaloir sans pour autant n’être qu’insulte et obscénité gratuite, lassante pour finir. Puisque j’en suis à Manent, il a raison de relever que l’État est faible et que la loi sur la laïcité devra évoluer. Je comprends que cela puisse choquer mes amis des gauches, seuls « vrais laïques » estampillés. Déjà Jean Baubérot avait montré qu’on pouvait dénombrer au moins 7 familles pour aborder le concept. Il a raison de dire qu’il faut faire une place plus franche pour les musulmans dans notre société. Je ne le suit pas sur certaines propositions. Le sort du voile, par exemple, est plus délicat que ce qu’il m’en dit. Si on s’en réfère au verset 59 de la sourate 32, même des exégètes très orthodoxes de l’Islam disent que ce verset est contextuel à une époque et qu’il ne s’applique plus aujourd’hui (les femmes à Médine, importunées par des voyous, vinrent voir le prophète qui leur recommanda le port de celui-ci pour les distinguer des autres femmes). Sauf à considérer que nous sommes des voyous et qu’elles veulent se faire reconnaître comme musulmanes, je suis en droit de m’interroger sur cette pratique sans pour autant me sentir islamophobe. Il en va de même avec d’autres questions concernant l’islam. Il a d’ailleurs raison de signaler qu’islamophobe est un terme dangereux car il interdit toute réflexion critique sur l’islam. Une critique peu être constructive. Toujours sur Manent, il a raison de parler de nation. Je comprends aussi mes amis régionalistes. Au moins avec leur langue régionale et leur terroir, ils proposent des racines et du commun face à un espace européen ou mondialisé qui lui n’a plus de repères.

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

 

Je continue sur les exemples du début de l’article. Oui, j’étais pour une reconnaissance des couples homosexuels et pour qu’il bénéficient d’un outils de sécurisation patrimoniale. Pour autant, tous les opposants n’étaient pas des débiles profonds. Il est vrai qu’avoir comme égérie Frigide Barjot est lourd à porter. Des juristes comme Claire Neirinck, avaient des arguments parfaitement recevables. On pourrait aussi imaginer qu’il puisse y avoir des normes nouvelles dans une société traversée de toutes parts par poursuite permanente de nouveautés. La polygamie n’y est pas reconnue ? qu’à cela ne tienne. Devait-on reconnaître toutes les formes d’attributs familiaux ?

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

 

Une idée simple ?

Je voudrai finir cet article par une réflexion plus générale. Je pense que notre société est profondément en crise. Nous vivons un empilement de crises. La crise géopolitique, les crises écologiques du réchauffement climatique et les crises des ressources en général ne sont pas les moindres. Le travail se raréfiera, et il faudra inventer ensemble des solutions. Serions-nous au bord d’une catastrophe ? « Penser les catastrophes permet parfois de les éviter » dit Jean-Pierre Dupuy. Avec lui je le répète souvent.

Je n’ai aucune solution à proposer car je ne suis ni gourou ni prophète. Les solutions ne peuvent venir qu’après un processus démocratique et un dialogue conscient des enjeux qui sont les nôtres. Il nous faut donc inventer un futur qui reste à écrire. Pour faire cela, j’ai comme l’impression que notre scénographie représentative n’est franchement pas adaptée.

 

Si l’on s’écoutait, mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

Pour cela, il serait grand temps que nous nous écoutions mutuellement et que nous cherchions à assembler du commun pour créer du nouveau, durable bien sûr. Sans préjugé initial, bien sûr. Avec nos différences, bien sûr, et avec ce qui peut nous rassembler, bien sûr. Faisons savant, pour essayer de légitimer toutes propositions, façon « objet frontière » de Star Griesemer. Ces objets frontières, qu’ils soient matériels ou conceptuels, sont des espaces permettant la communication entre mondes très différents, afin de servir un objectif commun. Ici le vivre ensemble. Dans le respect de chacun. Pour peu que les prétentions des uns et des autres ne soient pas exorbitantes. Pour peu qu’elles n’obèrent en rien ce vivre ensemble tant recherché. Cela semble aisé, n’est-ce pas ?

L’exaspération est grande devant les incantations minables d’hommes politiques qui entretiennent les illusions de leurs clientèles électorales et n’ont pas le moindre goût et sens de l’histoire et de la nation. J’en viens à comprendre Jacques Ellul qui disait que le jeu du politique n’est qu’une mascarade. De ce fait, il refusait de voter.

Si j’ai une conviction elle réside en une phrase.Nous devrons créer une société plus frugale, plus locale, plus solidaire, plus égalitaire et plus écologique.

Et même là je peux me tromper car le monde est complexe « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !.

 

Il en va probablement de la survie de notre espèce « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » Je n’ai jamais su si cette citation de Martin Luther King était réelle ou apocryphe car il n’ y a jamais la source. Vérification faite, elle serait juste. (Remaining Awake Through a Great Revolution)

Pour la solidarité, je me sens de gauche. Pour autant je ne me retrouve plus devant l’obsession sociétale et l’anticléricalisme ambiants de ses représentants qui ayant lamentablement échoué sur le plan économique, s’arriment au sociétal comme les naufragés d’une toile de Delacroix. Pour autant je ne me sens pas de droite. car sa vision économique ne tient pas assez compte de la souffrance des plus faibles et elle a renié depuis longtemps toute vision du partage. Les démocrates chrétiens devenus démocrates ont réservé le pain quotidien du plus grand nombre aux bénéfices des moins généreux. J’entends des militants socialistes soutenir avec Macron que le libéralisme est de gauche oubliant de préciser de quel libéralisme ils parlent. Ils devraient lire « Histoire intellectuelle du libéralisme » de Manent. Je continuerai à refuser de me retrouver catalogué, petit soldat à langue de plomb, rangé au milieu des billes et boulards dans une trousse d’écolier refermée, je continuerai à vouloir penser par moi-même en fuyant les solutions simplistes.

 

Morin a raison ! le monde est complexe.

Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !

Je finirai par ceci. L’an dernier sortait un livre intitulé « La Loi du sang. Penser et agir en nazi » exercice périlleux de Johann Chapoutot. Le livre cherchait de montrer, de faire sentir comment le projet nazi, hors de toute humanité avait pu apparaître à certains comme sensé, possible, plausible, évident, nécessaire, et même « humain » pour ceux qui le mirent en place. Rejoints par des foules fanatiques immenses On pourrait dire la même chose, d’épisodes d’histoire, y compris bibliques. Parlant de la destruction de Ninive, André Frossard faisait remarquer qu’avant de décider de la destruction de la ville on avait cherché à y trouver deux justes, il comparait cette situation à celle de Pnom Phen, vidé en deux jours, nous connaissons la suite car là aussi tout comme pour le cas du régime nazi des gens ont été détruits pour la simple raison d’être nés, en sus, bien sûr ce qui n’est ni pardonnable ni comparable, d’autres en leur qualité d’opposants ou opposants supposés. Apprenons à chercher la vérité, à la dire, à discerner le bien du mal.

Mais cela nous est-il possible dans un monde où les vertus ont cédé, définitivement semble-t-il leur place aux valeurs, alors, à minima, nourrissons nous de celles de la Devise.

En toute humilité.

 Oui, le monde est complexe, « mille millions de sabords, bordel de mer.. » !