Canavière : expulsion honteuse, situation ubuesque

J’avais dénoncé la situation de Canavière. Voici une nouvelle lettre de Tamer Dinc envoyée aux élus d’opposition. J’espère sincèrement que cette décision, selon moi honteuse, de l’expulser sera débattue ce soir en conseil municipal.

Lisez la lettre vous découvrirez une situation ubuesque.

Monsieur Tamer DINC                                                                   à Albi, le 24 novembre 2019

Lettres aux élus du groupe minoritaire

Madame, Monsieur,

J’ai investi quatre années de mon temps sur un terrain de Canavières mis à disposition par la ville d’Albi sans aucune rémunération, j’ai planté des arbres et des plantes pérennes, investi dans du matériel agricole pour refaire vivre les sols et rendre le projet viable. Je suis en capacité de commencer à vendre mes produits mais la Mairie d’Albi dénie ce travail et m’empêche de gagner ma vie en me laissant depuis plus d’un an sans titre, sans commodat, ni bail et aujourd’hui tente de m’expulser sans semble-t-il mandat du conseil municipal ni du juge.

Aussi, je porte à votre connaissance mon histoire afin que vous puissiez interroger l’équipe municipale sur cette affaire et faire valoir ce que de droit.

Voici mon histoire.

 

En 2015 la ville d’Albi a lancé son projet d’autosuffisance alimentaire. Dans le cadre de ce projet, je me suis engagé parce que c’était un projet intéressant dans la continuité de mes expériences professionnelles et de mon engagement personnel. De plus, celui-ci me permettait de m’installer en tant qu’agriculteur avec peu de moyens au départ et le soutien de la mairie, qui nous a dit qu’elle nous accompagnerait dans l’installation et que nous pourrions bénéficier d’un bail agricole au bout d’un an. La Mairie nous a également dit qu’elle nous installerait l’eau et l’électricité sur le terrain, qu’elle avait conscience que la régénération du sol et la mise en place de pratiques de permaculture avec apport de matières organiques prenait du temps et que nous ne pourrions pas présenter des légumes en grande quantité avant 3 à 5 ans.

 

Au début du projet, après avoir vérifié mes compétences auprès d’un partenaire de la Mairie, les résultats étant positifs, la mairie a signé un premier commodat avec moi et déclaré à plusieurs occasions que notre installation avec un bail agricole se réaliserai après 1 ans.

Après 1 ans, ils ont prolongé le commodat d’un an et dit qu’après cette même année celui-ci deviendrait un bail. Au cours de l’année, j’ai eu l’information que du fait d’une pression politique, la façon de procéder avait besoin de changer parce qu’il fallait rapidement montrer des légumes.

 

La deuxième année, j’ai donc changé de façon de faire mais j’avais toujours besoin d’eau et d’électricité. Au même moment, j’ai eu une opération au genou qui ne m’a pas permis de travailler pendant 2 mois.

 

Pour entamer la 3ème année, lors d’une réunion à la Mairie, des membres de la mairie m’ont indiqué qu’ils ne souhaitaient plus continuer avec moi pour des raisons de pression politique et de manque de culture, j’ai expliqué la situation et le manque de moyens. Ils ont reconnu ces faits et ils m’ont laissé 6 mois pour donner davantage à voir des cultures et poursuivre si le résultat était satisfaisant. La 3e année il n’y avait toujours pas d’électricité mais j’ai investi dans un motoculteur et différents outils et passé beaucoup de temps à « rendre visible et compréhensible pour des non initiés” les cultures implantées sur la parcelle. J’ai également décidé de commencer à pomper dans la rivière et acheté une nouvelle pompe pour pouvoir assurer la survie des plantes pendant la canicule. J’ai perdu une partie de la culture mais j’ai amélioré le système d’arrosage avec mes propres moyens pour pouvoir arroser 1500 mètres carrés. Pendant cette année, j’ai eu la visite de la mairie et ils ont constaté qu’il y avait quand même un peu de culture, ils ont donc décidé de me donner un nouveau commodat que je n’ai jamais reçu.

 

La quatrième année, j’arrive à pomper suffisamment d’eau dans la rivière pour pouvoir alimenter la totalité de la surface plantée. J’ai continué à investir dans l’exploitation pour pouvoir tourner le sol et pomper l’eau de la rivière avec un assemblage de plusieurs pompes pour pouvoir arroser la totalité de la terre exploitable sur ma parcelle. Le seule chose qui me manque c’est un justificatif avec lequel je peux finalement vendre mes légumes.

J’attire votre attention sur le fait que depuis mai 2018, j’ai eu ni bail agricole ni commodat donc c’était toujours impossible pour moi de faire ma démarche d’installation. Les années précédentes, j’ai toujours cultivé mais par limite de moyens je n’ai pas réussi à récolter et la mairie m’a tenu pour responsable malgré le fait qu’à chaque rencontre, j’ai appuyé sur l’importance de pouvoir m’installer en tant qu’agriculteur pour pouvoir bénéficier des moyens, des aides et du statut pour pouvoir vendre mes légumes. La mairie jusqu’à aujourd’hui n’a pas encore répondu à mes demandes et besoins (alimentation d’eau et électricité notamment…) et ne m’a pas accompagné pour pouvoir m’installer.

 

Aujourd’hui, je me retrouve avec un gain manqué et une exploitation non déclaré qui est dans des difficultés financières à cause du manque d’eau et d’installation officielle. j’ai proposé ma récolte consistante à titre gratuit et à prix libre dans mon réseau. J’ai installé un système viable et j’espère pouvoir cultiver le terrain d’une façon économiquement fiable.

Aujourd’hui, la mairie me demande de partir parce que je ne suis pas installé en tant qu’agriculteur et que malgré le passage d’une commission qui à constaté les cultures en place l’élu argumente toujours sur un manque de culture. Le dernier courrier fait mention d’un lancement d’une procédure d’expulsion me concernant.

 

Je vous prie d’agréer Madame, Monsieur le conseiller municipale, l’expression des mes respectueuses et sincères salutations.

 

 

Tamer DINC